L’un des fidèles disciples de notre Maître eut le mérite d’être témoin d’une intervention divine exceptionnelle, qui le rapprocha considérablement du Créateur. Voici son récit :
« A l’époque où j’habitais à Los Angeles, me parvint la nouvelle de la venue du Rav dans notre ville. Je me hâtai d’aller le voir, et le priai de venir donner chez moi un cours le dimanche suivant – il y aurait grand monde, puisque ce jour-là, personne ne travaille. Il accepta aussitôt ma demande et le dimanche, comme nous en avions convenu, il apparut sur le seuil de ma demeure, pour venir régaler de ses paroles de Torah la centaine de Juifs qui s’étaient rassemblés dans ce but. Pourtant, pour notre plus grand étonnement, il fit aussitôt demi-tour, refusant d’entrer chez moi. “Je reviendrai la semaine prochaine”, se contenta-t-il de dire, en guise d’explications.
Lorsque je compris qu’il était sérieux dans ses intentions, je le suppliai de changer d’avis. Tant de Juifs s’étaient rassemblés et avaient fait l’effort de venir pour l’entendre. Comment pouvions-nous les décevoir ainsi ?
Mais le Rav était inébranlable et regagna la voiture qui l’attendait au-dehors. Je compris qu’il n’y avait rien à faire et, extrêmement déçu, annulai le cours. Seule sa promesse de revenir une semaine plus tard me mettait un peu de baume au cœur.
Néanmoins, mon étonnement demeurait entier. Pourquoi avait-il refusé d’entrer chez moi pour donner un cours pourtant prévu depuis plusieurs jours ? Il ne me restait plus qu’à attendre la semaine suivante, où je pourrais peut-être recevoir une réponse.
Un peu plus tard le même jour, après la déception due à cette annulation de dernière minute, un ami me proposa de me joindre à son groupe, pour une partie de pêche en mer. N’ayant pas d’autre projet, j’acceptai avec joie. Nous sommes montés à bord d’un petit chalutier doté d’un minuscule moteur et avons mis le cap vers une petite île d’environ huit kilomètres de long. Arrivés au large de l’île, nous avons jeté nos lignes à l’eau, impatients d’attraper des poissons. Pourtant, nos tentatives répétées échouèrent : aucun ne mordit à l’hameçon. Bredouilles, nous décidâmes tout de même de faire demi-tour.
Peu de temps après, un vent violent se leva, qui secoua notre embarcation comme un fétu de paille. Une peur panique s’empara de nous : nous avions l’impression de vivre nos derniers instants. Rassemblant toutes nos forces, nous avons tenté de maintenir le cap vers Los Angeles, mais la tempête nous poussait en sens inverse. Au milieu de toutes nos tentatives, nous avons découvert que les vagues nous rapprochaient de cette île que nous venions de quitter. Par miracle, nous sommes parvenus à aborder. Sur la terre ferme, nous avons attendu que la tempête passe et que la mer retrouve son calme. Après quoi, nous avons regagné la côte de Los Angeles, secoués par l’extraordinaire miracle que nous venions de vivre.
En effet, comment expliquer rationnellement que notre frêle embarcation ne se soit pas retournée et que nous ne nous soyons pas noyés ?
Le dimanche suivant, conformément à sa promesse, le Rav fit son apparition dans l’embrasure de la porte. J’espérais vraiment que cette fois-ci, il ne me décevrait pas et donnerait son cours comme prévu. Je ne pus cependant m’empêcher de le questionner : “Pourquoi avez-vous refusé d’entrer, la semaine dernière ? – En arrivant au seuil de votre demeure, j’y ai ressenti le deuil. J’ai eu le pressentiment que quelque chose de terrible allait arriver à votre famille, et c’est pourquoi j’ai aussitôt fait demi-tour, reportant le cours à la semaine suivante, pour implorer le Créateur d’annuler le décret, par le mérite des paroles de Torah qui devraient y être prononcées huit jours plus tard ainsi que par celui de mes saints ancêtres.” À l’écoute de cette réponse, je n’en crus pas mes oreilles, et aussitôt me revinrent à l’esprit ces moments de péril à bord de notre bateau, le dimanche précédent, ainsi que la manière miraculeuse dont je m’en étais sorti. Je compris alors que c’était la prière du Rav qui nous avait permis d’en échapper. Qui sait, sans cela, ce qui nous serait arrivé ?
Cet évènement bouleversant marqua un tournant dans mon existence, il me poussa à me rapprocher du Judaïsme et à changer de mode de vie. Je fis mon alya et m’installai à Bat Yam, où je vis jusqu’à ce jour. »