Je fus à l’occasion invité au mariage du fils d’un philanthrope new-yorkais, célébré dans une salle luxueuse. Des sommes colossales avaient visiblement été investies dans l’organisation de l’évènement.
Cependant, du fait du manque de pudeur qui régnait, je dus garder les yeux fermés pendant toute la ‘houpa. Je compris également qu’il ne me serait pas possible de participer à la soirée. Aussitôt la cérémonie religieuse terminée, je me mis à réfléchir au moyen de m’éclipser discrètement.
Mais j’étais encore en train de réfléchir que le père du marié vint me retrouver, m’invitant personnellement à entrer dans la salle pour la soirée.
J’étais très gêné. Comment pourrais-je refuser son invitation ? Mais, d’un autre côté, il était évident que je ne pouvais en aucun cas transgresser les lois de la Torah pour quelque raison que ce soit, et ce, même au prix de la honte de refuser l’invitation.
Finalement, je décidai de m’adresser ainsi à mon hôte : « Est-ce que vous voulez recevoir ma brakha ?
– Certainement ! me répondit-il sans hésiter.
– Dans ce cas, il y a un problème : des danses mixtes ont actuellement lieu dans la salle, et je crains, si j’y entre, que cela ne porte atteinte à la sainteté de mes yeux, ce qui pourrait entraver la réalisation de la brakha. »
Mon interlocuteur peinait à comprendre la signification de cette « atteinte à la sainteté des yeux », et il m’était malheureusement difficile de lui expliquer cette notion.
Plus direct, je lui expliquai alors que s’il voulait que j’entre dans la salle, il devait veiller à ce qu’hommes et femmes soient séparés.
« Voilà qui est réalisable, m’affirma-t-il. Si je fais installer une séparation entre hommes et femmes comme vous le demandez, accepterez-vous d’entrer dans la salle ?
– Oui », répondis-je, avant d’ajouter la restriction suivante : « Mais je voudrais danser avec le ‘hatan, et ne pourrai le faire avec l’accompagnement musical de l’orchestre non-juif que vous avez pris ! »
Cette fois-ci, le sourire de mon hôte disparut. « Que puis-je faire pour l’orchestre ? » me demanda-t-il, déçu.
« Renvoyez-le, lui suggérai-je. Vous n’avez qu’à prendre à la place Avraham Fried et Mordékhaï ben David qui ont chanté lors de la ‘houpa. Demandez-leur de venir chanter dans la salle ; ils réjouiront certainement les mariés et tous les invités. »
Le père du marié parut hésiter quelques instants, puis me demanda : « Et si je renvoie l’orchestre, vous consentirez à entrer dans la salle ?
– S’il y a une séparation totale entre les hommes et les femmes et que seuls des chanteurs juifs chantent, j’entrerai avec joie, vous bénirai, ainsi que le ‘hatan, et danserai avec vous. »
Le maître de céans s’exécuta : une séparation fut installée entre hommes et femmes et le chanteur fut renvoyé pour être remplacé par des Juifs. La joie était à son comble, et cela constitua un grand kiddouch Hachem. En effet, la rumeur se répandit rapidement que le célèbre philanthrope avait organisé la soirée du mariage de son fils en séparant complètement les hommes des femmes.
En outre, d’autres Rabbanim qui se trouvaient à côté de moi au moment de ma discussion avec le maître de céans concernant la nécessité de séparer les hommes et les femmes et d’avoir des chanteurs juifs, furent admiratifs devant la tournure prise par les évènements, suite à mes demandes formulées avec intransigeance. « Comment avez-vous fait ? » me demandèrent-ils.
Telle fut ma réponse : « Quand c’est la vérité qui parle, tout devient possible. Du fait que mes paroles étaient totalement basées sur la Torah, qui est la vérité unique, mon interlocuteur les a acceptées et s’y est soumis de manière remarquable ! »